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Baglioni lui demanda un tableau pour sa chapelle de San-Francesco  (8). Il promit de la satisfaire à son retour de Florence, où il ne pouvait se dispenser de se rendre. Arrivé dans cette ville, il se livra avec une ardeur incroyable à l’étude de son art, et s’occupa des cartons de la chapelle Baglioni, avec l’intention d’exécuter le tableau aussitôt qu’il en aurait le loisir. Agnolo Doni, homme parcimonieux, mais qui néanmoins savait ouvrir sa bourse lorsqu’il s’agissait de peinture et de sculpture, pria Raphäel de faire son portrait et celui de sa femme. Notre artiste les acheva pendant son séjour à Florence. On les voit aujourd’hui chez Gio. Battista, dans la belle et commode habitation qu’Agnolo, son père, fit construire à Florence sur le Corso de’Tintori, près de la maison des Alberti.

Il peignit ensuite, pour Domenico Canigiani, la Vierge et l’enfant Jésus, accueillant avec joie le petit saint Jean porté par sainte Élisabeth, qui regarde expressivement saint Joseph. Celui-ci, les deux mains appuyées sur un bâton, semble louer Dieu d’avoir accordé la fécondité à une femme que l’âge devait rendre stérile. L’un et l’autre paraissent étonnés en voyant la sagacité avec laquelle leur fils, dans un âge si tendre, témoigne son respect et sa soumission pour l’enfant-Dieu. Le coloris des chairs est si heureux et si vrai, que l’on croit contempler la nature plutôt qu’un résultat de l’art. Les héritiers de Domenico Canigiani possèdent cette noble peinture et savent l’apprécier autant que le mérite une œuvre de Raphaël d’Urbin.