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un charme particulier pour lui : les ouvrages dont elle était remplie lui semblaient divins. Il s’y lia avec plusieurs jeunes artistes, tels que Ridolfo. Ghirlandaja et Aristotile San-Gallo ; il fut surtout accueilli et distingué par Taddeo Taddei, protecteur de tous les hommes de talent, qui lui offrit sa table et sa maison. Raphaël, dont la délicatesse et la noblesse étaient extrêmes, ne voulant pas se laisser vaincre en générosité, fit pour son hôte deux tableaux qui forment une sorte de transition entre l’ancienne manière qu’il devait au Perugino et celle bien supérieure qu’il adopta ensuite. Ces peintures sont encore aujourd’hui chez les héritiers de Taddeo. Il donna aussi à son ami intime Lorenzo Nasi, qui venait de se marier, un tableau où l’on voit la Vierge tenant entre ses jambes l’enfant Jésus, auquel le petit saint Jean offre un oiseau ; tous deux paraissent vifs et joyeux ; leur attitude est pleine d’une grâce enfantine ; à la vérité de la couleur et à la finesse de l’exécution, on croirait, en les regardant, contempler la nature elle-même. La Vierge a une expression suave et divine ; tout enfin, jusqu’au paysage, est de la plus grande beauté. Aussi Lorenzo Nasi conserva-t-il cet ouvrage avec autant de respect que d’admiration pour son auteur. Malheureusement, le 17 novembre 1548, un éboulement du mont San-Giorgio engloutit, avec toutes les magnifiques habitations des héritiers de Marco del Nero, le palais de Lorenzo Nasi et plusieurs bâtiments voisins ; on retrouva cependant parmi les décombres les morceaux du tableau de Raphaël, et Battista, fils