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froissé jusqu’à l’âme, se retira devant le Bramante. Celui-ci, comme nous l’avons déjà dit, était en quête, depuis son enfance, de quelque chose de grand qui immortalisât sa mémoire. Il le trouva, quoique son impatience surannée ait manqué le lui faire perdre. Mais Giuliano, qui languissait à Florence, ne mourut pas sans avoir su qu’un des siens avait été chargé de sauver de la ruine l’œuvre combinée de Bramante et de Jules II. Le jeune Giamberti, arrivé en sous-œuvre, et qui se trouvait monté si haut, avait ramassé à son début le nom de son oncle, et s’engageait à le porter noblement. Faut-il clore cette briève appréciation du caractère général des œuvres des San-Gallo, sans en avoir tiré au moins quelques conséquences utiles ? Il s’en présente cependant à l’esprit beaucoup et de très graves. Mais elles pourront se reproduire aussi naturellement ailleurs, et nous craindrions ici, à cause de l’espace, de nous engager dans d’épineuses généralités. Nous nous bornerons seulement à dire qu’on doit vivement regretter, lorsqu’on y songe, que la partie abstraite de l’architecture se soit, de nos jours, autant désunie de sa partie matérielle. N’en est-on pas arrivé à ce point d’aveuglement, qu’on se croit architecte quand on se doute à peine des éléments de la construction, et qu’on se croit ingénieur quand on ignore les plus simples principes du goût ? Quel plus déplorable abus d’avoir spécialisé les choses à ce point qu’on épuise sans pudeur les ressources d’une grande nation, tantôt à des œuvres qui peuvent être utiles, mais qui blessent grossiè-