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faire belle, et qu’elle appela ses artisans, la famille des Giamberti, comme si elle eût attendu ce signal, lança tous ses enfants. Ils étaient bien nombreux ; cependant, autant il s’en trouva dans la maison, autant il y eut pour Florence d’artistes éminents. C’est que cette famille de travailleurs était forte de sa tradition et de son union, l’association et la division du travail y étant sagement combinées depuis longtemps. Elle était tout entière vouée à l’art de bâtir. Elle pouvait se passer de mains étrangères pour achever ses entreprises, car toutes les notions et les ressources de l’art étaient heureusement rassemblées dans le chantier héréditaire. Aussitôt que les magistrats, les princes et les cardinaux lui demandèrent des citadelles, des palais, des églises, elle se mit à l’œuvre, sans crainte, certaine de s’en tirer avec honneur. Ces fils d’ouvriers, ouvriers eux-mêmes, étaient tous devenus, sans qu’on sache trop comment, de grands artistes. Ces menuisiers et ces tailleurs de pierre surent sculpter le bois et le marbre, ces charpentiers devinrent des ingénieurs, et ces maçons des architectes. Ils fonctionnèrent tous admirablement dans leur sphère élargie. Habiles dès l’enfance à manier les outils et à façonner la matière, ils comprirent rapidement la forme et la théorie. Initiés de bonne heure à tous les secrets de la construction, ils entendirent vite les harmonies et les lois de l’ornement : admirable éducation, admirable activité, où toutes les convenances et les analogies de chaque chose viennent se fondre et se satisfaire ; où toutes les notions et toutes les expé-