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protégé par Baldassare Peruzzi, Raphaël d’Urbin et d’autres architectes, il mit tout en confusion et fit perdre beaucoup de temps en conférences. Enfin il sut si bien s’arranger, que la direction de Saint-Pierre lui fut confiée comme à l’homme du meilleur jugement, de la plus grande capacité et du plus vaste génie.

Giuliano, ainsi dédaigné, se crut offensé par le pape, auquel il avait montré tant de dévouement lorsque celui-ci n’était encore que cardinal, et qui, du reste, lui avait promis de le charger de cette entreprise. Il demanda donc son congé, quoiqu’il eût été associé à Bramante pour les autres édifices qui s’élevaient à Rome. Mais le pape ne le laissa pas partir pour Florence sans le combler de riches présents. Piero Soderini, qui l’aimait beaucoup, fut très content de le revoir, et l’occupa aussitôt. Mais à peine six mois s’étaient-ils écoulés que Messer Bartolommeo della Rovere, neveu du pape et grand ami de Giuliano, écrivit à celui-ci que, même pour ses intérêts, il devait retourner à Rome. Mais l’architecte, dont le ressentiment n’était pas apaisé, résistait à toutes les sollicitations et à toutes les promesses. Enfin on pria Soderini de ne rien épargner pour séduire Giuliano, parce que Sa Sainteté voulait terminer les fortifications de la Tour-Ronde, commencées par Nicolas V, et celles du Borgo et du Belvédère. Giuliano se laissa entraîner par le gonfalonier, et se présenta de nouveau au pape, qui l’accueillit paifaitement et l’emmena avec lui à Bologne quand les Bentivogli en furent chassés. Ce fut alors que le