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Peu de temps après, Laurent de Médicis demanda des dessins au Francione et à d’autres architectes, pour un palais qu’il voulait construire à Poggio, entre Florence et Pistoia. Giuliano présenta un modèle qui plut tellement à Laurent, qu’il le fit exécuter de suite et donna une pension à son auteur, dont le crédit allait toujours en s’augmentant. La voûte de la grande salle, que l’on devait exécuter dans le mode que nous nommons a botte, avait une portée si considérable, que la réussite paraissait impossible à Laurent. Pour détruire les craintes du duc, Giuliano construisit une voûte semblable dans une maison qu’il se bâtissait à Florence, et mena ensuite également à bonne fin celle du Poggio.

Sa réputation s’en accrut tellement, que le duc de Calabre le pria de faire le modèle d’un palais qu’il se proposait d’élever à Naples. Sur l’ordre du magnifique Laurent, Giuliano le commença et y passa beaucoup de temps. Son travail n’était pas encore terminé lorsque l’évêque della Rovere, qui devint pape sous le nom de Jules II, l’envoya chercher à Florence pour réparer les fortifications d’Ostia, et lui assigna une forte pension. Giuliano demeura deux ans dans cette ville, où il exécuta toutes les améliorations dont son talent le rendait capable.

Mais pour que le modèle du duc de Calabre ne souffrît pas de retard, Giuliano le confia à son frère Antonio, qui le termina très habilement. Laurent conseilla à Giuliano de porter lui-même ce modèle à Naples, pour mieux faire valoir les difficultés qu’il avait vaincues. Il partit donc, et présenta son tra-