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mouvement d’indignation qui lui devint si funeste ; c’est une main d’une beauté inouïe, et qu’on connaît dans l’école espagnole, où elle a été souvent copiée et reproduite, sous le nom de la mano de la teta. Au reste, il est croyable, quoique la chose ne soit pas entièrement constatée, que le Torrigiano ait pu être un de ces caractères qui nous sembleraient maintenant si singuliers, et qui cependant n’étaient pas très rares à son époque : gens dont la violence égalait le génie, et qui menaient de front un crime et un chef-d’œuvre, comme Cellini, qui plaçait toujours une escopette sur son établi d’orfévre, et un poignard parmi ses burins, et qui, tantôt poète et tantôt bandit, trouvait encore, dans ses naïves confessions, sa manière de vivre assez méritoire. (1)

Voir Carducci Vincenzio, Dialogo sobre la pintura, sua definicion, origen e essencia, Madrid, 1633. — Palomino Velasco D. Antonio, Las Vidas de los pintores y statuarios eminentes españoles. Londres, 1742, in-8o. — Orlandi (P. Pellegrino), Abeced. pitt. Venezia, 1753. — Cellini Benvenuto, Vita scritta da lui stesso. Napoli, 1708.

NOTES.

(1) Pietro Torrigiano naquit en 1470 et mourut en 1522.

Voici le portrait qu’en donne Benvenuto Cellini, dans ses Mémoires.

« Vers ce temps (1500) vint à Florence un sculpteur nommé Pierre Torrigiani. Il arrivait d’Angleterre, où il avait passé de longues années. C’était un ami de mon maître (Marcone, orfévre), il venait tous les jours chez lui ; ayant vu mes dessins et mon ouvrage, il me dit : « Je suis venu à Florence pour emme-