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dans l’opinion. Dieu, pour soutenir l’art, et le conduire de Giotto à Raphaël, de l’Orcagna à Michel-Ange, de Jean de Venise au Titien, de Mantègne au Corrége, d’Arnolfo di Lapo au Bramante, de Finiguerra à Marc-Antoine et à Cellini, n’avait pas eu besoin de cette intervention princière. Toutefois, ce serait une lourde erreur d’attribuer à l’institution de Laurent de Médicis toute la rigueur dont on l’a gratifiée. Les écrivains qui lui ont prêté les vues systématiques de Louis XIV, ou des autres grands fondateurs d’instituts et d’académies, se sont manifestement trompés, comme nous nous réservons de le prouver complètement. L’art italien avait su par lui-même se créer une trop belle existence pour qu’on lui tendît impertinemment la main, et qu’on imaginât de le féconder dans une serre-chaude. Florence avant ses princes pouvait compter, dans ses temples, autant, si ce n’est plus, de figures peintes, gravées, sculptées ou ciselées que de citoyens dans ses murs. Cette masse énorme de travail, qui faisait partie intégrante de sa riche activité, fondait de soi-même autant d’écoles particulières de pratique qu’il se trouvait d’habiles ouvriers. Les écoles de la théorie seraient donc restées à peu près désertes. Les maîtres trouvaient des apprentis ; les professeurs n’eussent pas encore trouvé d’élèves. Mais, comme nous le disions, ce beau mouvement devait bientôt s’arrêter ; sa durée allait être fatalement mesurée à sa vitesse. Les temps d’enthousiasme passaient. On devait bientôt appeler inutilement la jeunesse. Les progrès accomplis com-