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perdu un temps précieux, il retourna aussitôt à la sculpture.

Des marchands florentins lui commandèrent des statues en bronze et en marbre qui sont encore à Florence. Il laissa aussi des dessins largement rendus, comme l’on peut en juger par ceux que nous possédons dans notre recueil et ceux qu’il fit en concurrence de Michel-Ange.

Les mêmes marchands le conduisirent en Angleterre, où il entreprit pour le roi de nombreux ouvrages en bronze, en marbre et en bois, qui méritèrent d’être préférés à ceux de tous les sculpteurs qui concoururent avec lui. Il obtint de si grandes récompenses, que s’il n’eût pas été inconsidéré, orgueilleux et sans frein, il eût pu mener une vie tranquille et éviter la terrible catastrophe qui termina ses jours.

D’Angleterre il passa en Espagne, où il embellit plusieurs villes par ses travaux. Il modela en terre un Christ qui e le plus admirable chef-d’œuvre de toute l’Espagne. Dans un monastère des Hiéronymites, près de Séville, il laissa un autre Christ et un saint Jérôme avec son lion ; il prit pour modèle de la figure du saint un vieux pourvoyeur des Botti, marchands florentins fixés en Espagne. Enfin il exécuta pour le même couvent une Vierge avec son fils, d’une telle beauté, que le duc d’Arcos lui en demanda une pareille, et pour l’obtenir ce seigneur fit tant de promesses, que Torrigiano crut sa fortune faite. Quand son travail fut terminé, le duc le paya avec une si grande quantité de maravédis (monnaie