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favorisé qu’il soit de la nature, n’arrivera que bien tard à la perfection ; car on ne peut véritablement devenir artiste qu’après avoir long-temps copié et médité les bonnes choses. Mais revenons aux antiques du jardin, qui malheureusement furent tous vendus lorsqu’en 1494 Pierre, fils de Laurent, fut banni de Florence. Néanmoins on en rendit la plus grande partie au magnifique Julien, quand il fut rappelé dans sa patrie avec les autres Médicis. Ces chefs-d’œuvre sont précieusement conservés aujourd’hui dans la galerie du duc Cosme.

Les princes qui imiteront le généreux exemple donné par Laurent seront éternellement honorés et glorifiés ; car ceux qui aident et favorisent les hommes de génie dont les hautes entreprises et les vastes conceptions augmentent le bonheur ou la gloire du monde, méritent que leur nom soit transmis à la postérité la plus reculée.

Parmi les artistes qui se formèrent dans cette académie, on vit briller Michel-Ange, fils de Lodovico Buonarroti ; Giovanni Francesco Granacci, Niccolà, fils de Domenico Soggi ; Lorenzo di Credi, Giuliano Bugiardini, Baccio da Montelupo, Andrea Contucci dal Monte-Sansovino, et autres dont on parlera quand il en sera temps.

Le Torrigiano, dont nous nous occupons maintenant, était le condisciple de tous ces hommes. Orgueilleux et jaloux en même temps que robuste et courageux, il se plaisait à tourmenter ses camarades. Il était habile dans la sculpture et la plastique, mais ne pouvait supporter qu’aucun de ses rivaux l’éclip-