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hautes conceptions et le merveilleux génie qu’il attribuait au pur sang (chiari di sangue).

En effet, les plébéiens ont trop souvent à lutter contre les obstacles que leur oppose la misère. Forcés de se livrer à de vils travaux, et ne pouvant prendre librement leur essor, il leur est bien difficile d’arriver au premier rang. Le savant Alciato a dit avec raison, en parlant des artistes que la pauvreté rejette d’autant plus bas que les ailes de leur génie les portait plus haut :

Ut me pluma levat, sic grave mergit onus.

Nous ne devons point nous étonner si d’une école protégée par le magnifique Laurent nous avons vu sortir des hommes qui ont fait l’admiration du monde. Ce généreux citoyen ne se contentait pas de subvenir aux besoins des jeunes élèves que la pauvreté aurait arrêtés dans leurs études : il encourageait encore par de riches présents ceux qui se montraient supérieurs aux autres. Aussi ses protégés, pleins d’une noble émulation, devinrent tous des artistes éminents, comme nous le dirons.

Le vieux Bertoldo, sculpteur florentin et disciple de Donato, était le directeur de l’école. Laurent l’avait en outre chargé de conserver les cartons, les dessins et les statues des Donato, des Pippo[1], des Masaccio, des Paolo Uccello, des Fra Giovanni, des Fra Filippo, et de tant d’autres maîtres. Celui qui n’a pas à a portée de semblables moyens d’étude, si

  1. Filippo Brunelleschi.