ne pas être tendres pour ceux qui ploient. Mais lui, dont la carrière fut si facile, et le succès si éclatant que la postérité a dû en rabattre un peu, il aurait pu être moins exigeant. Heureux faiseur, qui ne comprend pas et qui s’étonne ! « Il est rare qu’un jeune artiste fasse concevoir de grandes espérances, il est plus rare encore qu’il ne les tienne pas ». Eh ! mon Dieu, non ; la chose n’est pas rare. Combien sont nés hommes de talents et sont morts hommes vulgaires ! S’il y avait bien regardé, il en aurait vu davantage, même dans sa belle Florence, même sous ses magnifiques Médicis. N’est-ce pas le cours des choses ? Tous les germes que la nature sème sont-ils toujours fécondés ? Le monde n’y suffirait pas. — Mais il a bien voulu voir celui-là et y compatir un peu. Il est vrai aussi qu’il était un peu sorti de terre, et que sa croissance quoique interrompue appelait puissamment le regard. Ce maladif adolescent qui peignit le beau tableau du Christ mort aux mains des Maries, que l’on voit encore à Florence, n’était pas, en effet, un homme à dédaigner même à côté des plus grands. Dans sa languissante virilité, ne traçait-il pas ces nombreux dessins, que ses enfants vendaient à vil prix ? dessins rares maintenant en Italie, non pas qu’ils soient perdus, mais parce qu’on les conserve ailleurs.
« Ce malheureux artiste manquait d’adresse et de savoir-faire. » Voilà l’observation essentielle qu’il fallait commenter et expliquer davantage pour s’étonner moins. Il fallait la coudre plus méthodiquement à cette observation rapportée dans un autre