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l’église, et aux Murate un saint roi Sigismond. À San-Brancazio, il fit à fresque une Trinité pour Girolamo Federighi, qui fut enterré dans cette église. Dans ce tableau qui montre la manière mesquine du peintre, le donataire est représenté à genoux, à côté de sa femme. Ensuite il exécuta à la détrempe, dans la chapelle de San-Bastiano à Cestello, un saint Roch et un saint Ignace, et peignit une Vierge, saint Laurent et un autre saint dans une vieille chapelle au bout du pont de Rubaconte. Enfin l’infortuné Raffaellino en vint à n’avoir plus que de misérables travaux. Il se mit à faire à vil prix des dessins en grisaille et des ornements pour religieuses et d’autres personnes qui brodaient des tapisseries. Malgré cette triste dégradation de son talent, il produisait parfois de très beaux dessins, qui furent recherchés après la mort des brodeuses ; le directeur de l’hôpital en possède plusieurs qui prouvent que Raffaellino était un excellent dessinateur. Ces travaux, si indignes de lui, furent cependant cause qu’on fit beaucoup de tapisseries et d’ornements pour le gouvernement et les églises de Florence, et même à Rome pour les cardinaux et les évêques. Cette manière de broder, dont se servaient Pagolo de Vérone, Galieno de Florence, et beaucoup d’autres, est presque abandonnée, parce qu’on en a trouvé une autre pins expéditive et plus facile, mais qui n’a ni le fini, ni la beauté, ni la solidité de la première. Raffaellino, dont toute la vie fut entravée par la pauvreté et la misère mérite, ne fût-ce que par ce service rendu à l’art, d’obtenir après sa mort l’honneur et la gloire attachés au mérite.