Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/624

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien un peu leur droit, et nous leur faisons cette part. Mais il y a aussi la part à faire de la distraction des voyageurs, de l’ignorance des écrivains et du trafic odieux des marchands d’œuvres d’art, qui, d’ordinaire, prêtent aux plus riches et empruntent aux plus pauvres. C’est là, comme on le voit, plus qu’il n’en faut pour altérer prématurément l’histoire de l’art, que nous travaillons à réhabiliter. — Ainsi, l’Albertinelli, pour parler de lui spécialement, qui à peine a été trouvé par quelques écrivains digne d’être compté parmi les élèves de Baccio, s’il lui a été inférieur, comme nous l’avons accordé, ce n’est pas certes par le talent, ni par l’intelligence, ni par l’originalité. Son tableau de Sainte Élisabeth, à l’académie de Florence, en dépose assez. Raphaël, pendant son séjour à Florence, l’a mis à profit tout autant qu’aucun autre, et on en trouve des traces nombreuses et évidentes dans ses ouvrages. Mais, surtout, Mariotto fut dans son école, avec Sébastien de Venise, l’introducteur des vraies données du coloris, la seule partie essentielle de l’art que le Vinci ait mal comprise, et à laquelle Michel-Ange chercha moins à demeurer étranger qu’on a imaginé de le dire. Il fallait donc prévenir nos lecteurs, et faire pressentir, malgré les bornes étroites où nous sommes obligés de nous renfermer, pourquoi les maîtres du second ordre sont encore de grands maîtres, et souvent les plus profitables à examiner. Il fallait ébaucher les distinctions que nous avons cherché à établir et qui domineront dans tout le cours du livre que nous traduisons. Il