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conds : ceux qui se donnent à tout, et montrent dans chaque chose une merveilleuse entente du but et des moyens. Ces artistes se vouent ordinairement plus à la superficie qu’à la profondeur, parce que leur curiosité sollicite sans cesse leur inconstance. Mais ce sont les praticiens par excellence, les ouvriers ingénieux par qui tous les procédés de l’art s’agrandissent, qui savent toujours interpréter les choses d’une manière heureuse et frappante, et qui, enfin, s’ils n’égalent pas les plus grands maîtres, savent s’en faire regarder et les aident puissamment ; gens habiles et précieux, dont probablement tout le mérite ne peut être compris que par ceux-là seuls qui les surpassent dans leur art, ou savent tirer un meilleur parti d’eux-mêmes. En effet, on voit rarement ce témoignage leur manquer. Tels ont été entre autres Sébastien del Piombo, Daniel de Volterre, Benvenuto Cellini, Jules Romain, le Fattore, Lorenzo di Credi, les San Gallo, et, pour sortir de l’Italie, Jordaens, Vandyck et Valentin, sur lesquels Michel-Ange, Raphaël, Léonard, Bramante, Rubens et le Poussin, se sont suffisamment expliqués. — L’Albertinelli a été un de ceux-là, et le Vasari nous en montrera beaucoup d’autres après lui, que nous connaissons à peine, et pour lesquels il a épuisé, cependant, avec l’assentiment de ses contemporains, toutes les formules admiratives dont sa langue est si bien pourvue. Mais l’Italie a gardé jusqu’à nos jours cette admiration, et se passionne encore pour ces gloires qu’on ne soupçonne pas chez nous. Le bruit des grandes renommées a tout absorbé ; c’était