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trarier ses fins, en prodiguant indiscrètement ce titre d’homme de génie, même à tous ces grands talents qui suscitent notre sympathie et nos applaudissements, surtout, si l’on veut réfléchir que cette sympathie est une sorte de confiance qui souvent est indignement surprise et trompée. Combien d’œuvres, dans le présent comme dans le passé, avons-nous mal appréciées, et sur le jugement desquelles il nous a fallu tristement revenir. Mais, pourtant, quelle autre base plus exacte et plus intelligente, s’il en fallait une, pourrions-nous trouver ? Le génie s’apprécierait-il mieux par le compas de l’analyse et la statistique des produits ? L’esprit le plus pénétrant a déjà bien de la peine à distinguer le point précis où l’aptitude et le talent peuvent commencer à s’appeler le génie, pour qu’on en puisse mesurer régulièrement l’étendue, quand il est une fois constaté par les œuvres. Force est de croire que c’est plutôt au sentiment qu’au calcul à établir cette coordination entre les maîtres.

Après avoir dit à quels signes et en vertu de quelles idées on pouvait, suivant nous, reconnaître les hommes du premier ordre dans notre art, il reste à envisager ceux qui les suivent immédiatement dans la hiérarchie. — Ce sont, il nous semble, ceux qui n’ont point montré dans leurs œuvres, si belles qu’elles soient, une spontanéité telle, que nous puissions en inférer qu’ils auraient pu efficacement remplacer les grands promoteurs des progrès de l’art, si les circonstances les eussent appelés à le faire. Voici, à proprement parler, les artistes du second ordre.