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un certain goût qui lui était particulier. Outre ce tableau, qui était son chef-d’œuvre, Filippi fit beaucoup d’autres travaux, à Ferrare, et l’on peut dire que, dans cette ville, il est nommé plus souvent qu’aucun autre peintre, à l’exception de Scarsellino. Lorsqu’il fit des figures nues, comme dans le San-Cristofano de la chartreuse, il s’attacha à imiter Michel-Ange ; mais, pour les figures vêtues, il étudia d’autres modèles, ce que l’on peut voir dans la Circoncision qu’il a figurée sur un autel de la cathédrale, et que l’on croirait être de son père plutôt que de lui : car, comme il avait peu de patience et pour inventer et pour peindre, il répéta souvent les mêmes choses. Il reproduisit, par exemple, au moins sept fois, et presque toujours de la même manière, une même idée ; mais ce qu’il y a de plus fâcheux est que, si l’on en excepte le Jugement dont nous venons de parler, puis le grand tableau d’autel, représentant sainte Catherine dans l’église de ce nom, et un petit nombre d’autres ouvrages, exposés dans les édifices publics, il n’entreprit aucuns travaux sans les exécuter avec trop de précipitation, soit dans une partie, soit dans l’autre : content de laisser dans chacun quelque trait de ceux qui décèlent un maître, comme s’il eût voulu passer, aux yeux de la postérité, pour un peintre habile, tout en se négligeant. Les galeries n’ont qu’une petite quantité de ses ouvrages ; mais ils y sont finis avec plus de soin. Outre ceux de Ferrare, j’ai vu, de sa main, un Baptême du Christ, dans la maison Arqua, à