de son art, ou au moins l’eût fait reculer jusqu’à l’imitation traditionnelle et immobile de l’art mystique du moyen-âge. De même que nous voyons, dans notre époque plus lointaine et moins croyante, des jeunes gens, se laissant prendre plutôt au bruit des paroles qu’à l’intelligence des choses, chercher maintenant à raviver les imnages effacées des écoles primitives : progrès à rebours, qu’ils accomplissent en reculant, et pour lequel, ne pouvant avoir aucune conscience intime, ils ne sauraient trouver ni réelle sanction ni véritable public.
Mais le Frate, pour en revenir à lui, comprit que la piété d’un homnme ne devait pas essayer de faire descendre l’art d’un pays du haut point où tant d’efforts l’avaient placé ; et s’emparant de tous les progrès que la forme avait acquis à Florence, il sut les utiliser pour écrire plus lisiblemnent sa dévotion sincère. L’ascétisme monacal se trouve dans ces têtes austères et intelligentes peintes par le Frate, et dont Michel-Ange et Raphaël eux-mêmes ont déjà perdu le secret, dans ces draperies immenses et chastes, dans ce coloris tranquille et sobre que l’éclat et la variété de la couleur vénitienne ne feraient cependant point pâlir. Le Frate, certes, n’a pas la fougue de Buonarroti ; il ne pétrit pas puissamment comnme lui la matière ; il n’a pas comme lui engagé sa vanité d’artiste à disposer à son gré du corps humain sous la brosse ou sous le ciseau, et à le tordre à sa fantaisie avec autant de certitude que s’il l’avait créé lui-même. Mais Michel-Ange, dans ses plus grands ouvrages et dans ses résultats, ne