Bartolommeo ne travaillait jamais que d’après nature. Pour étudier les draperies, les armes et tous les autres ornements, il fit fabriquer un mannequin en bois, de grandeur naturelle, dont les jointures se ployaient à volonté, et qu’il vêtissait de linges ou d’étoffes. Il pouvait ainsi conserver ses plis jusqu’à ce qu’il eût amené son œuvre à toute a perfection. Aussi personne avant lui ne sut jeter les draperies avec autant de goût, de naturel et de souplesse. Nous conservons religieusement, tout gâté et vermoulu qu’il soit, le mannequin dont se servait ce grand peintre.
À Arezzo, dans l’abbaye des moines noirs, notre religieux laissa une admirable Tête de Christ et le tableau de la Confrérie des Contemplatifs, qui, après avoir appartenu au magnifique Octavien de Médicis, fut placé par son fils Alexandre dans une chapelle de son palais. Messire Alexandre, qui aime les arts avec passion, attache le plus grand prix au souvenir du Frate.
Notre artiste peignit encore une Purification fort estimée, dans la chapelle du noviciat de San-Marco. Tandis que, pour son agrément, il demeurait à Santa-Maria-Maddalena, dans la maison de campagne des frères, il fit un Christ et une Madeleine, et quelques ouvrages à fresque pour le couvent ; il exécuta pareillement à fresque, au-dessus de la salle des étrangers à San-Marco, un arc dans lequel il représenta le Sauveur, accompagné de Cléophas et de Luc. On voit dans ce tableau le portrait du jeune Fra Niccolà della Magna, nommé par la suite arche-