comme il s’en amusait beaucoup, il avait coutume de chanter en travaillant.
À Prato, vis-à-vis les prisons, il fit une Assomption et plusieurs tableaux de Vierges pour les Médicis, et diverses peintures pour d’honorables citoyens de Florence. Nous citerons la Madone qui est dans la maison de Lodovico, fils de Lodovico Capponi, et la Vierge tenant l’enfant Jésus, accompagnée de deux saints, qui appartient à l’excellent Messer Lelio Torelli, premier secrétaire du duc Cosme. Messer Lelio attache un grand prix à cet ouvrage, non seulement à cause de son auteur, mais encore parce qu’il aime et protége les artistes et tous les beaux génies.
Dans la maison de Pier del Pugliese, aujourd’hui appartenant à Matteo Botti, citoyen et marchand florentin, on voit au haut d’un escalier, dans un vestibule, Saint Georges à cheval terrassant le serpent. Cette peinture est à l’huile et en grisaille. Le Frate préparait ainsi ses ouvrages en guise de cartons avant de les colorier ; il les ombrait aussi à l’encre ou avec le bitume. Nous en avons la preuve dans plusieurs de ses tableaux restés inachevés à sa mort, et dans quantité de dessins faits de la même manière, dont la plus grande partie se trouve dans le monastère de Santa-Caterina de Sienne, sur la place San-Marco, chez une religieuse qui s’occupe de peinture, et dont nous parlerons quand il en sera temps. Nous avons orné notre recueil de semblables dessins en mémoire du Frate. Messer Francesco del Garbo, très habile médecin, en possède aussi une nombreuse collection.