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encore deux prophètes habilement peints. Salvator voulut que ce tableau fût placé sous le grand orgue de l’église de la Nunziata de Florence. C’est un morceau de la plus grande beauté, terminé avec amour ; l’ornement en marbre, qui lui sert d’encadrement, a été sculpté par Pietro Rosselli.

Tant de travaux altérèrent la santé de Bartolommeo : il sentit le besoin de changer d’air. Le prieur, qui était son ami, l’envoya dans un de leurs monastères, où il consacra son pinceau, pour le salut de son âme et le profit de son ordre, à des sujets de dévotion qui le portaient à la contemplation de la mort. À San-Martino-in-Lucca, il fit une Madone ayant à ses côtés Saint Étienne et Saint Luc, et à ses pieds un petit ange qui joue du luth. À San-Romano, il représenta une Madone de la Miséricorde sur un piedestal de pierre, et des anges qui soutiennent son manteau ; plusieurs personnages debout, assis, ou à genoux sur quelques degrés, contemplent le Christ lançant du haut du ciel la foudre sur les peuples. Certes, Fra Bartolommeo montra dans cet ouvrage qu’il possédait à un haut degré l’art de la dégradation des ombres, et celui de donner un grand relief aux parties obscures. Il triompha de toutes les difficultés par la perfection de son dessin et de son coloris. Aussi regarda-t-on cette œuvre comme la plus parfaite qu’il eût produite. Pour la même église, il peignit le Christ, Sainte Catherine martyre, et une Sainte Catherine de Sienne en extase, dont la beauté est inimitable.

De retour à Florence, il cultiva la musique ; et,