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que l’on croirait creusée dans le bois, et imita ensuite les ornemens qui devaient entouer son sujet. Il se servit du même procédé pour notre Saint Vincent et le Saint Marc. Le Saint Vincent, prêchant sur le jugement dernier, est peint à l’huile et sur bois au-dessus de l’arc d’une porte qui conduit à la sacristie du couvent de Saint-Marc. Les gestes et la physionomie du Saint expriment la ferveur et l’exaltation farouche des prédicateurs qui, pour ramener à la vertu les hommes plongés dans le vice, les menacent de la justice de Dieu. Cette figure a un puissant ressort, mais malheureusement elle se gerce et se gâte, parce que l’artiste a employé des couleurs trop fraîches sur un enduit encore humide. Cet accident, comme je l’ai déjà dit, est arrivé aux ouvrages de Pietro Perugino chez les Jésuates.

Fra Bartolommeo, ayant entendu dire que sa manière était mesquine, prouva qu’il savait aborder les sujets de grande dimension, en exécutant, sur la façade de la porte du cœur, une figure de Saint Marc l’évangéliste, de cinq brasses de proportion, aussi remarquable par la perfection du dessin que par la beauté du travail (4).

Salvator Billi, riche marchand florentin, ne tarda pas à connaître, à son retour de Naples, la réputation du Frate. Après avoir vu ses ouvrages, il lui commanda un tableau représentant le Christ-Sauveur entouré des quatre évangélistes. Dans le bas de la composition, deux enfants d’un coloris frais et gracieux tiennent le globe du monde. On y voit