vérité, Fra Bartolommeo s’efforça d’imiter le coloris dé Léonard de Vinci, surtout dans les teintes obscures, pour lesquelles il employa le noir de fumée des imprimeurs et l’ivoire brûlé ; c’est pourquoi ce tableau pousse beaucoup au noir aujourd’hui. Sur le premier plan, on remarque, parmi les figures principales, un Saint George, d’un aspect fier, hardi et animé, armé de pied en cap et portant un étendard. Un Saint-Barthélemi mérite de grands éloges, ainsi que deux enfants, dont l’un joue du luth, et l’autre de la lyre. Le premier soutient son instrument sur sa jambe ; ses mains exécutent des accords ; ses regards, élevés vers le ciel, cherchent l’inspiration ; sa bouche entr’ouverte indique que des chants divins vont s’en échapper. Le second, attentif, la tête appuyée sur sa lyre, les yeux baissés, cherche à se mettre à l’unisson. Cette idée est gracieuse et spirituelle. En un mot, la main savante du Frate a rendu d’une manière miraculeuse ces deux enfants assis et couverts d’un léger tissu.
Peu de temps après, il peignit, vis-à-vis de ce tableau, la Vierge entourée de saints. Ce travail lui valut de justes applaudissements. Au moyen de certains tons effumés et habilement fondus, il avait obtenu une telle harmonie dans ses figures, qu’elles paraissaient vivantes (3).
Fra Bartolommeo entendait vanter sans cesse les travaux de Michel-Ange et du gracieux Raphaël. Euthousiasmé par les récits des merveilles enfantées par ces divins artistes, il obtint de son prieur la permission d’aller à Rome. Il y fut accueilli par Ma-