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pour se perfectionner dans son art. Il se lia d’une étroite amitié avec Fra Bartolommeo dont il étudia le coloris, et à qui en échange il enseigna les vrais principes de la perspective.

À la même époque, le Frate peignit à San-Marco de Florence un tableau où l’on voit un grand nombre de figures, et qui, après avoir été pendant plusieurs mois exposé dans cette église, fut envoyé en présent au roi de France. Bartolommeo le remplaça par un autre dans lequel il fit entrer également une quantité de personnages et quelques anges qui s’élèvent dans les airs en soutenant un pavillon ouvert avec grâce. Ces enfants sont d’un dessin si correct et ont un ressort si puissant, qu’ils semblent se détacher de la toile. Le coloris des chairs se distingue par cette vérité et cette beauté que tout grand artiste doit s’efforcer de donner à ses œuvres. Aussi peut-on compter ce tableau parmi les plus parfaits. Quelle suavité, quel sentiment, quelle noble fierté animent les figures qui entourent la Vierge ! pleines de vie, d’un ton vigoureux, on dirait qu’elles sont en relief. Le Frate voulut montrer qu’à la science du dessin il savait joindre une vigueur de coloris qui faisait ressortir ses figures au moyen de fortes ombres, comme on le voit dans les enfants qui soutiennent le pavillon. Le même tableau renferme le Mariage du Christ-Enfant avec Sainte Catherine, religieuse. Il est impossible de peindre avec plus de vérité, malgré le ton obscur adopté par l’artiste. Les saints, disposés cjrculairement et en perspective autour du vide d’une grande niche, semblent respirer. À la