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richesse et la variété des ornements de cette chapelle la rendirent célèbre. Pour la terminer, Benedetto Buglioni plaça dans quelques niches des figures de saints et d’anges en terre cuite vernissée et en ronde bosse, et couvrit les frises de chérubins et de devises. Bernardo del Bianco voulut ensuite y mettre un tableau qui fût digne de ces embellissements. Persuadé que Fra Bartolomrneo pouvait seul s’acquitter convenablement de cette tâche, il usa de tous les moyens possibles, et se servit de ses meilleurs amis pour le déterminer à l’entreprendre. Retiré dans son couvent, Fra Bartolommeo ne s’occupait plus qu’à suivre les offices divins et à observer les règles de son ordre. Les sollicitations du prieur et de ses amis les plus chers n’avaient pu encore obtenir qu’il se remît à la peinture. Depuis quatre ans déjà il s’obstinait dans ses refus, lorsque, vaincu enfin par les prières de Bernardo del Bianco, il consentit à commencer le tableau de Saint Bernard. Le Saint aperçoit la Vierge soutenue par des anges, et portant dans ses bras l’enfant Jésus. Cette vision jette le pieux écrivain dans une extase si admirablement exprimée, que celui qui considère attentivement cette peinture y découvre quelque chose de vraiment céleste, et l’on ne peut douter que Fra Bartolommeo ne s’y soit consacré avec ardeur et amour. Il fit ensuite plusieurs tableaux pour le cardinal Jean de Médicis, et peignit pour Agnolo Doni une Madone d’une beauté extraordinaire, qui décore l’autel d’une chapelle de la maison de ce gentilhomme.

Dans ce temps, Raphaël d’Urbin vint à Florence