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FRA BARTOLOMMEO DI SAN-MARCO. 115

chose admirable, la Vierge que possède Filipo Averardo Salviati ; puis une autre Vierge, terminée avec un soin extrême, qui, se trouvant dernièrement dans une vente de vieux meubles, fut portée à un prix fort élevé par Pier Maria delle Pozze, grand amateur, qui en reconnut la beauté.

Pier del Pugliese avait une Madone en marbre, chef-d’œuvre de Donatello. Il fit renfermer ce petit bas-relief dans un tabernacle en bois avecdeux volets derrière lesquels Baccio peignit la Nativité et la Circoncision dans le genre de la miniature. Sur la partie extérieure de ces volets, il exécuta ensuite, en grisaille et à l’huile, l’Annonciation de la Vierge. Cet ouvrage, justement apprécié par le duc Cosme, est aujourd’hui dans son cabinet de médailles, avec ses figurines de bronze antiques et ses miniatures précieuses.

Baccio était aimé à Florence. Il menait une vie paisible, et fuyait les mauvaises compagnies. Travailleur, bon et craignant Dieu, il se plaisait à entendre les prédications, et recherchait la société des personnes savantes et réfléchies. Lorsque la nature a doué un artiste d’un beau génie et d’un caractère tranquille, il est rare qu’elle ne lui accorde pas en même temps une existence douce et facile. Baccio en est la preuve : il réussit dans tout ce qu’il désira. Son affabilité et son mérite le recommandèrent si bien, que Gerozzo, fils de Monna Venna Dini, lui donna à peindre la chapelle du cimetière de l’hôpital de Santa-Maria-Nuova. Il y commença la fresque du Jugement dernier, et déploya tant de noblesse et