si l’on se fût moins occupé, dans ce temps, à créer qu’à réfléchir. Mais on tenait moins alors à scruter les causes du développement général de l’époque et des progrès particuliers de chaque homme, qu’à s’abandonner soi-même au mouvement accéléré de la production. C’est dans un âge plus inerte, par conséquent plus propre à l’examen, que l’on scrute de plus près le pourquoi et le comment des choses que l’humanité opère dans ces belles époques d’instinct, avec tant d’entraînement, qu’elle semble ignorer la loi qui la pousse et la mène. Le Vasari, notre grand historien, appartient essentiellement à ce temps d’abondance où l’on devait négliger tant de choses maintenant intéressantes pour nous. Dans aucun écrivain de la renaissance, on ne rencontrerait plus que chez lui la trace de la conscience intime du mouvement opéré dans les arts. Tous ces novateurs, si bien préparés, semblent toujours sortir de terre par enchantement dans les rapides récits de ce siècle. On se presse avec tant de naïveté, et à la fois tant d’ardeur, à la recherche des formes nouvelles, qu’on n’a pas le temps d’expliquer pourquoi on abandonne la forme ancienne ; cela, au reste, est admirable, et témoigne de la beauté et de la force de ce mouvement.
L’art du moyen-âge, que l’on abandonne, n’a pas alors de détracteurs ; comme si ces hommes, qui fondaient un art nouveau, et qui l’élevaient vite à sa virtualité la plus haute, avaient voulu laisser à leurs successeurs de la décadence la misérable occupation de blasphémer et de dénigrer une forme expirée ; mais cette largeur et cette intrépidité dans la