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en tirons les preuves des premiers progrès observés à Milan, sous l’influence du Bramante ; et aussi des œuvres personnelles de celui-ci, dont un grand nombre subsiste encore, et qui se remarqueraient même par l’excès anticipé de ces qualités précieuses, à peine manifestées ailleurs dans ce temps. Comme nous le prétendons, on voit donc, avant l’année 1500, le Bramante ayant fourni déjà une tâche complète à Milan. La chute de Ludovic, qui l’en chassa, lui apporta des épreuves moins rudes qu’à Léonard de Vinci. Tandis que celui-ci retournait dans sa patrie, pour tâcher de renouer sa carrière d’artiste, si fatalement interrompue, le Bramante, évitant le chemin de l’exclusive Florence, arrivait à Rome où il pouvait plus facilement se faire accepter ; et, sur le déclin de son âge, avec l’aide de Jules II, cet énergique travail leur commença une destinée plus belle qu’il n’aurait osé la rêver à vingt ans.

Tel est l’exact résumé de la première et plus longue portion de la vie du Bramante. Nous regrettons que les bornes obligées de ces notes ne nous permettent pas de nous étendre davantage sur cette période intéressante de ses travaux. Nous renvoyons pour une plus ample instruction aux écrits de Cesariani, de Lomazzo, de Pagave et de Colucci, et pour aider à une impartiale vérification, au second traité de l’acrimonieux Benvenuto Cellini[1].

Toujours est-il que, sans cet examen des documents que nous indiquons et des matériaux que nous avons recueillis ailleurs encore, on apprécierait mal

  1. Benvenuto Cellini, Trattato della scultura