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Cesariano, que le Vasari nous présente comme un des maîtres que le Bramante serait venu rechercher à Milan, était au contraire l’élève de ce dernier. Cesariano nous l’apprend lui-même dans les ouvrages qu’il a laissés. Et si l’on veut ne pas perdre de vue que nous savons d’une manière formelle que cet élève du Bramante fut un des principaux directeurs des travaux de la cathédrale avec Bernard de Trevi, on accordera facilement que le Bramante, son maître, n’a pas dû se tenir à l’écart, autant qu’on l’a dit. Quoi qu’il en soit, les chantiers de cette cathédrale ne furent pas, comme on l’a prétendu, l’école où le Bramante put étudier les premiers éléments de son art et recevoir ses premières inspirations. L’architecture, depuis quelque temps, affectait, dans la Basse-Italie, un goût particulier et des formes nouvelles, auxquelles le Bramante était déjà assurément initié. La grande entreprise de Milan ne servit qu’à le tourner irrévocablement vers ces vastes conceptions architecturales, qu’il devait plus tard réaliser dans un autre ordre d’idées.

Les biographes du Bramante ont encore eu le tort inexcusable de ne point remarquer qu’il avait été signalé dès avant la venue du Vinci, et depuis, concurremment avec lui, comme le grand promoteur des progrès de la belle et savante école des peintres milanais. Aux allures pensives, nous dirions presque recherchées de Léonard, cette école emprunta l’intelligence, le calcul et l’expression ; mais elle dut au Bramante, plus qu’à ce dernier peut-être, la solidité, l’empâtement et la souplesse qui la distinguent. Nous