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avant que le génie étroit de la spécialité ne l’eût morelé. Peintre, poète, anatomiste, mathématicien, ingénieur et architecte comme Léonard et presque tous les grands artistes ses contemporains, il allait par l’Italie, occupé sans doute du désir d’instruction et du besoin de se créer quelque grand patronage qui pût absorber sa prodigieuse activité, et mettre à profit ses vastes études. Le Vasari note bien en passant ces courses du Bramante, mais il ne nous semble pas, dans son laconisme, en estimer assez le but et les résultats. Évidemment, quoique le Bramante ne fût pas encore parvenu au crédit qu’il obtint plus tard, il avait déjà été mis à même de réaliser, en sa triple qualité de peintre, d’ingénieur et d’architecte, des travaux plus importants et de plus de profit, sous tous les rapports, que ne l’indique le Vasari. Il avait élevé des temples et des palais dans la Romagne, et ailleurs. Il avait fait à Bergame et à Pavie de remarquables peintures que nous citons de préférence, parce qu’elles sont conservées. Il en était déjà venu à une suprématie telle dans son art, que des hommes de talent, ses élèves ou autres, peignaient ou bâtissaient d’après ses cartons ou ses plans. Entre autres preuves, nous citerons l’église de l’Incoronata de Lodi, temple élégant, que Giovanni Battagio Lodesan construisit sur les projets du Bramante. Enfin, le Bramante vint à Milan, attiré comme le Vinci par les promesses et l’éclat du règne de François Sforce, et nous l’y trouvons jusqu’en 1499, époque de la chute de Ludovic le More, c’est-à-dire un an avant son départ pour Rome. Pendant