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vie trop restreinte et trop tronquée, pour que l’appréciation qu’on puisse en faire ne soit évidemment incomplète, on dirait même injuste.

Nous savons bien que cette période de quatorze années passées à Rome dans la faveur, et au milieu des plus belles entreprises, a pu, jusqu’à un certain point, paraître suffisante pour donner une idée de la valeur du Bramante. Cependant, si l’on a pris un peu garde à ce que le Vasari nous a dit de sa précoce application et de son enfance adonnée aux arts, on doit regretter de ne point savoir mieux quelle a été l’œuvre de sa jeunesse, et en vertu de quelles études il a pu surgir soudainement, si fort et si bien préparé aux grandes choses, sous le généreux appel de Jules II. On comprendrait mieux alors la rapide fortune du Bramante à Rome. L’énorme et incontestable influence qu’il y exerça, dans les conseils artistiques de la papauté et de la noblesse, nous paraîtrait beaucoup plus naturelle si elle pouvait être rattachée historiquement à une réputation commencée et à des titres déjà conquis pour obtenir une confiance aussi complète. Cette restitution de La première partie négligée de la vie du Bramante est facile. Les documents en existent, et si c’était ici le lieu de les produire un peu moins succinctement, nous pourrions les fournir et les classer d’une manière assez satisfaisante.

Le Bramante naquit, comme nous l’avons déjà dit, en 1444. Il participa de bonne heure, et à un degré éminent, à l’ensemble des connaissances qui constituaient dans ce beau temps le domaine de l’art.