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s’accrut encore après sa mort par l’interruption du bâtiment de Saint-Pierre qui dura plusieurs années. Il vécut soixante-dix ans. On lui fit de magnifiques funérailles où assistèrent la cour du pape et tous les peintres, les sculpteurs et les architectes qui se trouvaient à Rome. Il fut inhumé à Saint-Pierre en 1514 (4).

La mort du Bramante fut une grande perte pour l’architecture, qu’il enrichit d’une foule de précieuses découvertes, telles que celles de former les voûtes d’un seul jet, et d’employer le stuc. Les anciens avaient connu ces procédés, mais leur secret était resté jusqu’alors enseveli sous les ruines. Les architectes trouvent dans les œuvres du Bramante autant de science et de perfection que dans les monuments de l’antiquité : aussi le regardent-ils comme un des grands génies qui ont illustré notre siècle. Il laissa après lui son ami Giulian Leno, plus habile à exécuter les dessins des autres que les siens, quoiqu’il eût du jugement et une grande expérience.

Bramante se servait dans ses travaux de Ventura Falegname de Pistoia, homme de mérite et excellent dessinateur, qui avait mesuré tous les anciens mouvements de Rome. Ce Ventura était retourné dans sa patrie, lorsque, l’an 1509, la seigneurie de Pistoia résolut d’élever une église en l’honneur d’une madone, connue aujourd’hui sous le nom de Nostra-Donna-della-Umiltà, qui, à cause des miracles qu’elle opérait, recevait de nombreuses offrandes. Ventura s’empressa de faire le dessin d’un temple de