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atteignit la perfection dont les autres architectes n’avaient pu approcher. Il obéit à son seul génie, quoiqu’il m’ait répété maintes fois qu’il ne faisait que suivre les idées du Bramante. « Les véritables auteurs d’un édifice, disait-il, sont ceux qui en donnent les premiers le dessin (2). »

On raconte que Bramante, poussé par un désir immodéré de voir avancer ses travaux, détruisit dans la vieille basilique beaucoup de belles choses, telles que des tombeaux de papes, des peintures, des mosaïques et quantité de portraits de personnages illustres qui se trouvaient dans cette église, la première de la chrétienté. Il conserva seulement l’autel et l’ancienne tribune qu’il entoura d’un magnifique ornement en pépérin, pour que le pape pût y réunir sa cour et les ambassadeurs des princes étrangers, lorsqu’il vient célébrer la messe à Saint-Pierre. La mort empêcha Bramante de terminer cet ouvrage qui fut ensuite confié à Baldassare Peruzzi.

Le Bramante était d’un caractère gai et bienveillant, il aimait les artistes, et leur rendait tous les services possibles. Ce fut lui qui amena à Rome le célèbre Raphaël d’Urbin. Une fois arrivé au rang que lui valurent son mérite et son génie, il dépensa noblement sa fortune, et vécut toujours d’une manière honorable et splendide. Il faisait son amusement de la poésie, et improvisait avec facilité. Les sonnets qu’il nous a laissés ne sont pas dépourvus d’élégance (3). Estimé et enrichi par les prélats et les seigneurs, sa renommée, immense de son vivant,