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tint à Raphaël d’Urbin. Les colonnes étaient de briques mêlées et faites d’un seul jet : invention que l’on trouva fort belle. Il donna ensuite un grand nombre de projets d’églises et de palais tant à Rome que dans les États ecclésiastiques. Nous citerons celui qu’il fit pour l’ornement de Santa-Maria-da-Loreto, que continua Andrea Sansovino, et celui d’après lequel on devait restaurer le palais pontifical.

Ce merveilleux artiste, dont le zèle s’enflammait en voyant la puissance et la volonté du pape seconder ses hardies entreprises, soumit à Jules II plusieurs projets aussitôt qu’il apprit que ce pontife pensait à faire démolir l’église de Saint-Pierre pour en construire une nouvelle. Il déploya une intelligence supérieure dans le projet où il plaça deux campanilles aux côtés de la façade, comme on le voit sur le revers des médailles gravées par le fameux Caradosso, qui firent frappées en l’honneur de Bramante sous les pontificats de Jules II et de Léon X.

Le pape, ayant adopté ce dessin, voulut réaliser immédiatement son immense et formidable conception. Bramante, avec sa célérité accoutumée, abattit la moitié de la vieille basilique et jeta les fondements de la nouvelle, résolu à enfanter une œuvre qui surpassât en beauté, en grandeur et en richesse, tous les monuments de Rome créés par la puissance des souverains, l’art et le génie de tant de vaillants maîtres. Les constructions s’élevèrent jusqu’à l’entablement avant la mort du pape et de l’architecte. On voûta avec une incroyable diligence les quatre