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l’art ait comptés du divin Andrea del Sarto ? Tous ces hommes se tenaient par de nombreux rapports, par leurs études, leurs progrès, leur direction. On pouvait, en les comparant, manquer plutôt de mesure que de goût ; et c’est là ce qu’il fallait dire.

Maintenant, reste à apprécier le peu de mesure apporté par notre auteur dans la question dont il s’agit.

Sans vouloir, dieu merci, nous montrer trop commodes aux théories égoïstes et folles de certains artistes et littérateurs modernes qui prétendent enfermer l’art pour le mieux garder ; qui croient s’avancer davantage vers la perfection en se refusant à servir ou à subir les sympathies et les besoins de leur temps ; qui font, enfin, comme ils s’en flattent, et suivant leur langue, de l’art pour l’art ; il faut bien, cependant, se préserver de l’excès contraire. Il faut convenir que l’art doit être jusqu’à un certain point désintéressé comme toute chose véritablement grande. Il faut convenir que si l’art s’allanguit et meurt quand il se refuse aux embrassements féconds de la conviction humaine, il se dénature également, et s’amoindrit quand il se laisse violer par les passions étroites et inintelligentes du caprice, de la mode et des partis. La place normale de l’art est près de tout ce qu’il y a d’éternel et de durable. Quelle chose a pu être adoptée comme belle et forte dans le passé, si l’artiste n’a pas su s’inspirer aux sympathies de son temps ? Mais quelle chose aussi a pu continuer à paraître telle jusqu’à ce jour, si l’artiste n’a pas su se distraire des préoccupations con-