porains ; car, assurément, beaucoup plus de gens auraient devancé la postérité dans ses jugements. Aussi faut-il accepter avec moins d’aigreur et de blâme ces comparaisons étranges dont les critiques anciens abondent, et qui nous choquent tant aujourd’hui. On le doit d’abord, parce qu’il faut reconnaître qu’il est difficile de ne pas broncher dans l’appréciation des choses de l’art, même en y apportant beaucoup de tact et de bonne foi ; ensuite, parce qu’il ne faut pas perdre de vue que, si les opinions passées sont facilement attaquées par nous, nos opinions présentes se défendront peut-être plus mal un jour. Comment croire, en effet, que nos critiques les plus sûrs, nos juges les mieux accrédités, soient à l’abri de faire des sottises, et, chose grave, de reproduire ces dénis de justice et ce despotisme affreux de l’ignorance ou de la distraction qui sacrifièrent le Dominiquin à Lanfranc, le Poussin et le Puget à Lebrun et à Girardon, Lesueur à Mignard, Géricault et Prud’hon à d’autres ? Comment ne pas craindre que nos écrivains les plus éminents ne tombent dans des hérésies aussi grossières, même avec l’assentiment des artistes, quand on se rappelle que Molière, Voltaire et Diderot, ont rapproché, avec l’assentiment de leur siècle, Mignard et les Vanloo, de Raphaël et d’Appelle.
Mais en opposant, pour l’honneur de la Toscane, le nom de Piero di Cosimo aux grands noms de Giorgione et de Corrége, le Vasari a moins manqué de goût en matière d’art, que de raison dans l’appréciation philosophique des choses. Cela doit faci-