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ne dois pas oublier de dire qu’il possède de la main de Piero, une magnifique tête de Cléopâtre, et deux portraits frappants, l’un de Giuliano son père, l’autre de son oncle Francesco Giamberti.

Le Vasari s’est évidemment complu dans la biographie de Piero di Cosimo, et nous comprenons fort bien que les annotateurs de l’édition de Milan, en 1809, en aient fait la remarque. « N’en déplaise, disent-ils, à maître Georges, c’est trop, malgré tout le mérite de Piero di Cosimo, de le comparer au Corrége et au Giorgione. » Comment, en effet, ne pas trouver de l’exagération dans ce rapprochement établi entre un bomme parfaitement oublié maintenant, et les deux peintres illustres qui ont fondé les écoles vénitienne et lombarde ?

Cependant, en y réfléchissant, il y a moins de légèreté qu’on ne le croirait d’abord dans la haute estime que le Vasari professe pour son compatriote. C’est que, dans les arts surtout, beaucoup de réputations, même éclatantes et incontestées, sont destinées à décroître avec le temps et à se perdre ; c’est que beaucoup de résultats, qui paraissent tenir du prodige, sont destinés à subir l’indifférence et le dédain de la postérité, tandis que des noms et des œuvres à peine remarqués vont au contraire s’anoblissant de plus en plus. Il paraît qu’il n’est guère facile au critique de faire cette distinction parmi ses contem-