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constances il aimait à s’entretenir des maladies qui tourmentent et épuisent le corps, et des souffrances bien plus vives du malheureux qui sent son esprit s’affaiblir peu à peu avant de mourir tout entier. C’était à ses yeux la plus grande des misères. Puis il déblatérait contre les médecins, les apothicaires, les garde-malades qui font mourir leur patient d’inanition, tout en le violentant pour lui faire avaler les sirops et les potions. Il énumérait longuement tous les supplices et tous les martyres qui précèdent la dernière heure : subir les médecines et les clystères, être empêché de dormir quand on a sommeil, être forcé de faire son testament, entendre pleurer ses parents, être laissé dans une chambre sans lumière. Mais en revanche sa tête s’exaltait à la pensée de la mort sur un échafaud. C’était une belle chose, à son gré, que de marcher à l’éternité en plein air, entouré des flots du peuple, transporté par les saintes exhortations du prêtre et les prières de la foule, et de se sentir emporté au paradis sur l’aile des anges. C’est ainsi que cet homme bizarre amenait toutes ses pensées et tous ses discours aux conclusions les plus extrêmes.

Avec de si étranges idées, il devait vivre et mourir étrangement. Il fit si bien qu’un jour de l’année 1521 il fut trouvé mort, au bas de son escalier. On l’enterra à San-Pier-Maggiore.

Ses élèves furent nombreux. Je citerai entre autres Andrea del Sarto, artiste du plus grand mérite.

Francesco da San-Gallo nous a laissé le portrait de Piero dans sa vieillesse. Il était son ami intime, et je