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pour lui un précieux souvenir d’un peintre dont il aima toujours la singularité et le talent.

Le directeur de l’hôpital degl’ Innocenti, intime ami de Piero, le chargea de peindre un tableau à l’entrée de son église, à gauche de la chapelle del Pugliese. Piero l’acheva à son aise après avoir fait le désespoir du pauvre directeur, auquel il ne voulut jamais ouvrir sa porte tout le temps que son travail dura. Le directeur ne pouvait comprendre de tels procédés, à cause d’abord de leur mutuelle amitié, et ensuite à cause de l’argent qu’il déboursait chaque jour. Il finit donc par se fâcher sérieusement, et par déclarer à Piero qu’il n’acquitterait pas le dernier payement s’il ne voyait où en était sa peinture. Piero répondit par une menace de crever la toile et de tout détruire. Le pauvre directeur céda et paya, et fut obligé d’attendre la fin de l’ouvrage avec autant de résignation qu’il avait d’abord montré d’impatience. En somme, Piero n’eut pas tort, car il y a de bonnes choses dans ce tableau.

Après cette aventure, il se mit à peindre dans l’église de San-Piero-Gattolini une Vierge entourée de quatre figures, et couronnée par deux anges. Il s’en tira avec beaucoup d’honneur. Cette composition se voit maintenant à San-Friano, où elle a été transportée après la destruction de la première église. On trouve encore, à San-Francesco de Fiesole, une Conception, peinte par lui sur une cloison. Les figures y sont d’une moyenne dimension. C’est une fort bonne petite chose.