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et Andrea di Cosimo, qui tous deux aidèrent à ce travail, assurent que Piero voulut, par cette allégorie, annoncer le prochain retour de la famille des Médicis, alors exilée de Florence. Cette noble maison, morte pour ainsi dire, devait ressusciter en reparaissant avec éclat dans sa patrie ; c’est dans ce sens qu’on interprétait les paroles de la complainte :


Morti siam, come vedete,
Così morti vedrem voi :
Fummo già come voi sete,

Voi sarete come noi, etc.

Ce qui donnait à entendre que la résurrection des Médicis serait une sorte de mort pour leurs ennemis. Quoi qu’il en soit de la signification qu’on ait dans le temps attachée à cette invention, il est très certain que, quand les Médicis rentrèrent, on expliqua la chose ainsi. Tant le public aime à retrouver l’annonce des événements qui le frappent dans les faits qui les ont précédés.

Mais revenons à l’art, et continuons la revue des œuvres de Piero. On peut voir de lui un tableau très remarquable dans la chapelle des Tebaldi, dans l’église des frères Servites, où sont conservés la robe et l’oreiller de saint Philippe, frère de cet ordre. Une Madone, debout et élevée sur un piédestal, tient un livre à la main et tourne la tête au ciel ; sainte Catherine et sainte Marguerite l’adorent à genoux, tandis que saint Pierre et saint Jean l’Évangéliste, avec saint Philippe Servite, et saint Antoine, archevêque de Florence, la contemplent debout. Le Saint-