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au loin s’abandonner à sa rêverie, la tête pleine de pensées fantastiques, ou de projets imaginaires.

Piero aida beaucoup son maître, qui lui remettait assez ordinairement à exécuter les parties les plus difficiles de ses ouvrages. Roselli aimait tendrement Piero, et se voyait, sans aucun sentiment d’envie, surpasser par son élève en intelligence et en habileté ; aussi l’emmena-t-il à Rome, lorsqu’il y fut appelé par le pape Sixte pour y orner une chapelle. C’est dans une des compositions faites à ce sujet, que Piero exécuta le beau paysage dont nous avons déjà parlé dans la vie de Cosimo. Sa rare facilité à peindre d’après nature lui permit de faire entrer dans les tableaux de son maître les têtes de plusieurs personnages notables, entre autres celles de Verginio Orsino et de Ruberto Sanseverino. Quant au portrait détaché du duc Valentin, fils d’Alexandre VI, qu’il fit également à Rome, on ignore ce qu’il est devenu ; mais le carton en a été conservé, et se voit chez le vertueux et révérend Messer Cosimo Bartoli, prévôt de San-Giovanni.

De retour à Florence, Piero reçut beaucoup de commandes des plus riches particuliers, et fit plusieurs bons tableaux. J’en ai vu le plus grand nombre, ainsi qu’une foule de ses dessins et études, disséminés maintenant chez les amateurs.

On trouve de lui, au noviciat de San-Marco, une Madone debout, et tenant son fils dans ses bras ; et dans l’église de Santo-Spirito, dans la chapelle de Gino Capponi, une Visitation de la Vierge, dans laquelle il a placé un Saint Nicolas et un Saint Antoine. Ce