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au Jardin-des-Oliviers en payement d’une dette de quatre écus. On le voit par des documents certains recevoir des moines qui l’occupaient des payements en denrées indispensables, un peu d’argent, quelques sacs de blé, et quelques charges de bois. Et l’on ne veut pas accorder que ce soit là le même homme qui mourut de fatigue en rapportant en toute hâte à sa pauvre famille, qui depuis long-temps l’attendait, la somme qu’il sollicitait des mauvais payeurs de Parme, et qu’on lui avait comptée enfin en monnaie de cuivre !

Quant à nous, nous adoptons cette version, et laissons le révérend père Orlandi affirmer que le Corrége n’était pas un plébéien, mais bien un homme de noble sang ; que Correggio n’est pas un bourg, mais bien une grande ville ; qu’Antonio, qui appartenait à la plus haute noblesse de cette cité, y a joui des plus grands honneurs, possédé les plus grands domaines, légué enfin une immense fortune à son fils Pomponio.

Nous laissons encore Manni prétendre qu’il a retrouvé l’écusson et les armoiries des Corrége[1].

Quoi qu’il en soit, quand le Corrége fut mort, et que le bruit de ses œuvres se fut un peu répandu, la maison d’Est les accapara, et un grand nombre de jeunes gens de tous les points accoururent à Parme et à Modène pour étudier le grand maître dont on parlait si soudainement. Annibal Carrache écrivait à ses frères : « Approprions-nous la manière du Cor-

  1. P. Orlandi, Abeced. pittorico. — Mengs. — Manni, Vite di alcuni artefici ins. nella raccolta del Calogerà, t. XXXVIII et XLV.