Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/524

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

progression qu’on peut étudier, et devant laquelle l’esprit n’a pas à s’abîmer.

Si nous ne nous prêtons pas à cet éclat d’emprunt qu’on veut jeter au Corrége, nous n’avons rien non plus qui doive nous le faire dépouiller de cette majesté de la misère et de la souffrance, qui le fait maintenant resplendir entre ses égaux d’une gloire qui lui est propre. Sur ce point nous nous attachons encore à la tradition, parce que, consacrée qu’elle est par d’éminents témoignages, nous n’avons vu au milieu de tant de lectures que les plus pitoyables inventions pour la combattre. Il a fallu toutes les ruses et toutes les ressources des annotateurs pour arriver à ébranler ainsi cette vérité laissée en repos pendant deux siècles, sous la foi des plus sincères récits et des plus évidents indices. La vanité patriotique et l’esprit de localité, qui, dans les beaux temps, imprimaient à l’Italien un mouvement plus nerveux peut-être vers les grandes choses, sont remplacés maintenant par on ne sait quelle étroite manie de tout défigurer et de tout ramener aux préjugés mesquins du jour. Que le Vasari déclare imperturbablement que, si le Corrége fût venu à Florence, il y eût beaucoup gagné, nous ne voyons rien là que de franc et de sincère, quoique cette saillie florentine puisse fortement se contester ; mais qu’un abbé parmesan ou modénois vienne attaquer maintenant le Vasari comme un calomniateur, pour avoir méchamment écrit que le Corrége avait vécu et était mort misérablement ; qu’il nous donne maintenant la solidité de ses panneaux ou de ses châssis et la