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vation, de s’avertir les uns les autres ? ils surgissaient à la fois, et, marchant ensemble, arrivaient au même point par différents sentiers. Le Corrége fut un de ces transformateurs nécessaires et attendus ; et si, dans ce grand mouvement de la renaissance, il a gagné beaucoup plus vite le large que bien d’autres, c’est qu’il avait apporté une âme plus avide de gloire, et un tempérament mieux disposé au travail. Il n’y a pas dans sa vie d’autre secret, ni de quoi écrire des volumes.

Et puis, ce qui est plus mal encore, dans les points douteux, que d’inventer des faits, c’est de fermer les yeux sur des vérités acquises, sur des détails bien et dûment constatés, parce qu’ils s’ajusteraient mal dans le cadre qu’on veut orner par la pure fantaisie. Ceux qui ont enrichi de leurs romans et de leurs fables l’histoire austère et laconienne du divin Corrége, n’ont pas ignoré, à moins qu’ils ne l’aient voulu, l’unanime témoignage que les hommes les plus compétents ont rendu au courage résigné et à l’éducation indépendante et solitaire, par lesquels on a généralement interprété et expliqué les qualités distinctives de ce talent. Fallait-il donc prendre maladroitement le peintre le plus entier et le moins éclectique de son temps, pour le faire ainsi frapper à toutes les portes, voyager et courir ? N’avaient-ils pas, entre autres indications précieuses, ces belles et naïves paroles conservées du grand Carrache : « Je dis toujours qu’à mon goût le Parmesan n’a rien de commun avec le Corrége, parce que les tableaux de ce grand peintre sont sortis de sa pensée et de son entende-