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des élèves de son maître, surtout de ceux qui avaient été assidus et particulièrement remarqués. Non ! rien ne prouve que le Corrége ait visité Milan, Florence, Rome. Il faut mieux renoncer à expliquer la prétendue ressemblance qui existe entre quelques-uns de ses morceaux avec je ne sais quelle peinture retrouvée dans les catacombes de Rome, que de le faire gratuitement et sans preuve élève intime de Raphaël dont toutes les actions et dont les rapports sont si parfaitement connus.

Ainsi, malgré tous ces frais d’imagination, le talent du Corrége, si l’on veut continuer à le faire exclusivement dériver d’une école et d’un maître, reste tout aussi inexplicable.

Mais pourquoi ne pas accorder que le Corrége ait pu se former seul en voyant et en travaillant ? Est-ce à dire pour cela qu’on le ferait tomber du ciel ? Sans doute sa patrie n’était pas en première ligne, et n’abondait pas autant que les grandes métropoles en utiles documents et en beaux exemples. Mais ce n’était pas non plus un pays barbare, et en dehors du mouvement de ces arts si chers à toute l’Italie. Parme et Modène étaient des villes savantes. Il avait bien dû y pénétrer quelques œuvres retrouvées de l’art antique, et quelques beaux ouvrages des modernes, que le Corrége a certainement vus. La tradition elle-même, à laquelle nons tenons à nous référer, ne nous le montre-t-elle pas en présence d’un tableau de Raphaël ? De plus, nous voyons la plastique en grand honneur dans son pays. Cet art qui précède la sculpture, et qui mieux qu’elle peut aider et développer