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rieure à la fresque de la Sixtine. Mais, en fait de voyages et de merveilleux récits, nous ne sommes pas au bout. En effet, si le Corrége a brillé tout autant par une grâce exquise et une parfaite convenance que par un grand goût de dessin et une fierté de raccourcis, comme disent les commentateurs, il faut bien qu’il ait été l’élève de Raphaël. Il est donc allé à Rome. Et comme il n’en coûte pas davantage d’en faire le plus sensible et le plus dévoué des élèves, on raconte son assiduité dans l’atelier de son maître bien-aimé, la participation qu’il a prise à ses travaux fameux ; et l’on ne pense à le ramener dans son village que long-temps après, ayant renoncé pour toujours au séjour de Rome qui lui rappelait trop vivement la perte cruelle du divin Raphaël. Mais l’inconvénient devant lequel tombent ces belles histoires est que personne n’a vu le Corrége ni à Florence, ni à Rome ; que le Vasari, Ortensio Landi, et d’autres qui auraient pu l’y rencontrer, ou savoir qu’il y avait été, n’en parlent pas, et regrettent au contraire qu’il n’y soit jamais venu ; qu’on n’y a rien recueilli qui puisse s’attribuer à sa main ; que Michel-Ange était peu communicatif, ses élèves rares et très connus ; que l’atelier de l’affable Raphaël n’a pas laissé perdre ses souvenirs et sa légende, que tous ses élèves formaient une espèce de corps, et étaient réunis comme une famille ; que quand Jules Romain vint à Mantoue appelé par l’entremise de Baldassare da Castiglione, l’ami de Raphaël, il ne connaissait point encore le Corrége, lui qui devait avoir gardé si bonne liste