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rége avait quelque chose à apprendre il tombait bien. Mais il a dû apprendre vite sous les leçons d’un tel maître, et le Vinci a dû lui-même bien rapidement remarquer le jeune étranger, et deviner son avenir. Comment alors Léonard, cet homme splendide et royal qui venait en aide à tout artiste de mérite pauvre ou riche, comme dit le Vasari, n’a-t-il pas vu celui-là ? comment ce père chéri de la jeunesse milanaise n’a-t-il pas aidé et poussé le Corrége autant que Salaì et tous les autres ? Assurément quelqu’un eût noté ce coupable oubli. Milan n’était pas Correggio ; un tel talent ne pouvait s’y perdre ainsi. D’ailleurs, au service de cette hypothèse, on n’apporte aucun fait positif, aucune preuve concluante. Quelques écrivains en ont été frappés comme nous, et ont vigoureusement combattu cette invention. Mais ce n’était pas pour s’arrêter là ; c’eût été trop simple, et cela eût fourni trop peu de matière. C’était pour emmener plus facilement le Corrége à Florence, et le présenter à Michel-Ange dont il pouvait seulement recevoir, disent-ils, la science profonde des raccourcis, et son entente de la perspective et des grandes lignes. Ce qui pourrait le plus ressembler à une preuve à l’appui de cette nouvelle supposition, c’est la prétendue ressemblance de quelques mouvements de l’Ascension du Corrége avec certaines figures du Jugement dernier de Michel-Ange. Mais le malheur est que ce malencontreux rapprochement tendrait plutôt à conduire l’illustre Buonarroti à Correggio, que l’obscur Allegri à Florence, puisque la coupole de Parme est de beaucoup anté-