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remarqué si puérilement le Vasari, dans sa grande admiration. Cependant les premiers commentateurs, plus rapprochés de la tradition, avaient compris qu’il ne fallait pas envoyer le Corrége trop loin. Ils avaient assez près de là le Mantègne ; ils supposèrent donc que le Corrége avait été son élève, parce qu’il était son voisin. C’était déjà entreprendre beaucoup d’affirmer cela en l’absence d’aucune preuve plus immédiate. S’ils se fussent bornés à dire que le Corrége avait profité de quelques tableaux du Mantègne qu’il avait pu voir à Parme ou à Modène, nous n’aurions pas à les réfuter. De reste, il est entendu que les grands hommes ne voient rien dont ils ne sachent tirer un parti quelconque ; mais que le talent du Corrége devienne plus accessible, parce que nous le ferions découler des leçons du Mantègne, nous ne pouvons vraiment pas nous y prêter, et nous savons de plus que le Corrége n’avait incontestablement que douze ans à la mort du Mantègne. Cette objection toute positive, tirée de l’âge du Corrége, a été faite avant nous, et il a bien fallu que les commentateurs s’y rendissent ; mais ils se sont alors rabattus sur le fils du même Mantègne, Francesco Mantègne dont ils ont voulu à toute force faire l’émule, le camarade, et le conseiller en beaucoup de choses du Corrége. Le parti était pris de ne pas laisser cet homme seul, ainsi que le présentait l’histoire. D’autres auteurs vinrent qui, trouvant Léonard installé, comme nous l’avons vu à Milan et à la tête d’une école, imaginèrent de décider que le Corrége avait étudié sous lui. Sans doute, si le Cor-