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rège. Au lieu de se borner à admirer ce grand artiste, on a voulu reconstruire son histoire de toutes pièces. On dirait que, précisément parce qu’on en savait peu de choses, on pouvait se permettre d’en parler davantage. Quant à nous qui désirions compléter notre texte sur un point si important, nous n’avons pas épargné les lectures et les confrontations ; mais nous avons dû voir qu’il n’y avait presque rien à tirer de tous ces échafaudages. Pourtant, si nous ne pouvons rien ajouter à la vie que le Vasari nous a laissée du Corrége, nous devons réduire à leur véritable valeur toutes les inventions et toutes les hypothèses auxquelles la manie des commentateurs a donné cours, et qui ont gagné un certain air d’autorité, à force d’être répétées avec d’autant plus d’assurance qu’elles s’éloignaient de leur source.

Ce sera aussi une occasion de prémunir contre ces arguties niaises et embrouillées, dont tant de compilateurs ont hérissé la chronique de l’art, et de montrer le peu de valeur de tant de pauvres ouvrages sur une si intéressante matière.

Il y a une tradition très populaire sur le Corrége. Le sommaire de sa vie est dans toutes les mémoires, son nom rappelle universellement sa solitude, sa misère, sa mort prématurée et touchante. Cette tradition remonte à sa contemporanéité. C’est seulement un siècle après qu’on commence à la discuter et à la nier. Cependant, comme les critiques n’ont apporté dans la question rien qui ait un certain corps, on s’aperçoit, après avoir beaucoup étudié, qu’il faut en revenir à la tradition.