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celé et sans chef ; et par conséquent a pu fort peu en connaître la génération, l’ordre et les embranchements. Il n’assigne aucun maître au Corrége, et ne lui trouve aucun élève.

Nous savons bien qu’on a accusé le Vasari d’un sentiment jaloux et du parti pris de dire peu de chose de ce grand homme, toujours, assure-t-on, pour le plus grand honneur de l’école florentine. Mais c’est ici un lieu commun gratuit ; les auteurs les plus sages ont reconnu qu’on avait singulièrement abusé de ce reproche adressé quelquefois avec justice au Vasari. Assurément, s’il eût eu des renseignements plus complets sur le Corrége, et qu’il les eût cachés, il serait impardonnable ; mais il a dû peu le connaître. En effet, où est le contemporain mieux instruit que lui qui l’ait rectifié ? La polémique engagée à l’égard du Corrége ne remonte pas à beaucoup près aussi loin. D’ailleurs, si le Vasari manque d’ampleur et de portée dans son récit, il n’y montre nulle part le cachet de l’injustice et du mauvais vouloir. Le Corrége est pour lui, comme pour nous, un artiste divin. Il ne faut pas oublier non plus qu’ayant acquis plus tard de meilleures données et de nouvelles notions, il répara autant qu’il put ses lacunes et ses erreurs, dans le cours de son ouvrage, et notamment dans la vie de Girolamo Carpi.

Si les auteurs contemporains, ou presque contemporains, comme le Vasari, Ortensio Landi et d’autres, ont été tellement en défaut, il est bien difficile qu’on ait suppléé plus tard à leur insuffisance. On a trouvé cependant à écrire immensément sur le Cor-